Brèves du Comptoir...

Le blog de la Librairie Le Comptoir
ou le journal de bord d'une libraire du bout du monde !
Je vous invite à prolonger le plaisir de vos visites à la Librairie en partageant vos coups de coeurs et vos idées dans cette arrière-salle cybernétique du Comptoir.

Site web permanent http://www.comptoir.cl/

31/10/2007

Salon des Loisirs Créatifs

J'ai participé de jeudi à dimanche dernier à la 13ème Expo Materia Prima (Salon des Arts Créatifs de Santiago)
Ambiance : 4 jours sous une tente sans la moindre brise avec 150 exposants. Effet de serre assuré.
Positif : Sauna gratuit 10 heures par jour... l'occasion de perdre quelques grammes peut-être ?
Négatif : Mes voisins de stand étaient, à droite, les confitures maison de Carmen Gloria, à gauche, des biscuits et meringues artisanaux... No comment.
La 13ème Expo Materia Prima est ma seconde. Les exposants sont principalement des ateliers de Loisirs Créatifs couvrant toutes les spécialités de la Mosaïque au Patchwork en passant par le Scrapbooking, la Broderie ou la Céramique, ils proposent cours et matériel et exposent leurs oeuvres. Il est important pour moi de m'y faire connaître comme librairie de référence, la qualité pédagogique des ouvrages français dépassant le barrage de la langue.
Mon rayon Loisirs Créatifs représente un bon pourcentage de mes achats depuis trois ans. Il est dorénavant fameux car unique au Chili par sa diversité et qualité, même si je dois souvent vendre un dictionnaire bilingue en complément... Grâce à lui, j'ai fait la connaissance d'artistes chiliens de très grande qualité, notamment dans le domaine de l'art textile, passionnant.
Le grand gagnant du Salon de cette année reste cependant le même que l'année dernière, 15 exemplaires vendus :


29/10/2007

Kermesses de fin d'année

Je ne passe pas beaucoup de temps dans la librairie...

Les kermesses (de l'école "La Girouette" et de l'école française de Santiago) sont passées... ça sent la fin de l'année. Les mauvaises langues disent que les enfants commencent à être intenables en classe (mais sont-ils jamais vraiment tenables ?), le baromêtre est passé au dessus des 30 degrés et je connais au moins deux garçons qui s'activent enfin pour remonter leurs moyennes et finir l'année en beauté (mais si mais si...)

Samedi dernier, à la Fête du Printemps (Ex-Kermesse) de l'Alliance française, le stand du Comptoir, vaillament tenu par Angelica car je cumulais les mandats ce jour-là, a fait des heureux du côté des cinéphiles avec ses DVDs à 5000 pesos. Merci au "Centro de Padres" pour l'invitation et à l'année prochaine !



18/10/2007

Ici c'est pas la grêve...

2o % de remise sur tous les romans
jusqu'au 28 octobre !!


Un jeune garçon en échange scolaire pour un an dans un lycée chilien est passé hier, ravi de découvrir une librairie française dans son quartier d’adoption. Il est dans une école publique du coin, 16 ans, en 1ère. Je me disais que les ados français sont quand même bien plus dégourdis que leurs copains chiliens du même âge, je l’ai vu complêtement adapté, mûr et responsable, une belle image sympa des jeunes français à l’étranger. Je n’imagine pas mes petits clients chiliens du même âge parachutés en France aussi débrouillards… enfin, pas tous.

Appel d’utilité publique : Quelqu’un veut-il tenir le stand du Comptoir samedi 27 octobre à la Kermesse de l’Ecole française (Santiago) ? j’ai un autre stand en même temps à l’Expo Materia Prima…

On m’a fait remarqué ce matin que je n’avais pas de livre sur Caligula. Sic.

Je me suis vue confier la mission de choisir 6 romans de poche pour remercier les membres du jury d’un concours littéraire francophone. Heureusement je connaissais la plupart d’entre eux, mais c’est toujours amusant de choisir en fonction d’une description que l’on vous fait d’une personne ou de ce que l’on sait (ou s’imagine) d’elle.
J’ai choisi Asiles de fous, de Régis Jauffret – Magnus, de Sylvie Germain – Les Coloriés, de Alexandre Jardin – Le dit de Tianyi, de François Cheng – Seras-tu là, de Guillaume Musso, et l’Histoire de la Grande Maison, de Charif Majdalani.

Ambiance… la France est en grêve, mes émissions préférées sur France-Inter aussi…

15/10/2007

Lundi (encore) férié...

Les fériés non religieux étant officiellement déplacés aux lundis suivants au Chili, nous avons « bénéficié » d’une nouvelle journée fériée aujourd’hui 15 octobre, en l’honneur de Cristobal Colón et de ses compères pas mécontents de toucher enfin terre en ce beau ( ?) matin du 12 octobre 1492.

J’en ai profité pour m’énerver sur la recherche (récurrente chaque fois que la date d’envoi de ma newsletter approche) d’un programme informatique me permettant d’envoyer ma bafouille d’ Octobre ( en ligne là :
http://www.comptoir.cl/este_mes.htm ) par mail à quelques 1600 personnes sans y passer 2 jours complets sur Outlook. Je n’ai rien trouvé de satisfaisant (et de gratuit), je lance donc un appel planétaire : je ne suis pas une spammeuse, je ne veux pas que mes destinataires recoivent de la pub attachée à mon message, je n’ai pas besoin non plus des 10 millions d’adresses gratuites attachées à la plupart des offres, bref mes besoins, trop raisonnables, n’ont aucun intérêt pour les fournisseurs d’ outils informatiques. Dites-moi que je me trompe ?

Samedi matin a apporté son lot d’ illustrateurs habituels, beaucoup aiment venir flâner à la librairie plus tranquillement ce jour-là. Loreto m’a offert un très joli cahier blanc à la couverture illustrée par elle, un prototype de papeterie originale. J’ai vendu les 2 annuaires 2006 de Bologne importés pour le Festival de l’ Illustration, c’est bien.

Le calendrier de fin d’année commence à se remplir, kermesses, province, salon des loisirs créatifs, tout est sur la newsletter...



Elle a du talent la toute jeune Loreto...

12/10/2007

Vendredi soir

Aujourd’hui, j’ai choisi toute seule les prix de fins d’année pour les petits élèves de l’école française de Curico. J’aime cette confiance des enseignants, acquise après des années de bons et loyaux services…

Puis une bibliothécaire et un parent d’élève de Santiago sont venus choisir une trentaine de prix pour les gagnants d’un concours de conte de l’école d’ici. Les veinardes, je n’avais pas encore retiré ma super offre de septembre sur les beaux albums, elles y ont plongé avec délice et s’en sont sorties à bon compte, tout le monde était content.

Un libraire sympa m’a écrit, il est tombé sur mon blog par le biais des blogs de Libé où je vais trainer parfois. Sa librairie, très polar, est belle à en palir (
http://www.entre2noirs.com/)

J’ai aussi passé 3 heures à traquer un SF récacitrant pour une cliente. Elle a plusieurs séries en cours et les complète au rythme des parutions en poche. Après une vingtaine de emails du tac au tac entre nous, entre les énigmatiques “pas paru sans date”, les laconiques “manquant” et les plus rares mais très impressionants “éditeur disparu”, on en a quand même trouvé un, 2ème partie d’un troisième tome d’une série “avant-quelque-chose” apportant, je l’espère pour elle, toute la lumière sur des évènements inter-galactiques censés d’être passé 10.000 ans plus tard dans une série parue dix ans plus tôt... Mais non je ne me moque pas, c’est juste que cette libraire est nulle archi-nulle en Science-Fiction. Heureusement que j’ai des clients plus calés que moi ! J’aime bien cette cliente en plus. On parle plus ciné que livres quand elle vient, là on a les mêmes goûts.

Nocturne improvisée ce soir, c’est vendredi, je ne suis pas pressée, et lundi prochain, c’est (encore) férié !


(Photo rien à voir mais j'aime bien nos sourires à toutes, là. Cliquer dessus pour grandeur presque nature.)

11/10/2007

Mon Yasmine préféré

Dans la série “quel est votre Yasmine/a préféré ?”, le gagnant du Comptoir est… Yasmine Ghata et son “Le târ de mon père”, chez Fayard.
Comme dirait un de mes petits clients préférés, “je le savais parce que j’aimais bien la couverture, déjà, pour commencer.”
Quel beau roman que cette histoire mettant en scène des personnages évoluant dans un environnement très patriarcal. C’est pourtant quand la femme, la mère, prendra la parole et nous en donnera les clés que la simple histoire deviendra destinée et atteindra sa vraie dimension.



Voici ce qu’en dit l’éditeur :
A la mort de Barbe Blanche, son fils Hossein hérite du târ qui se transmet dans sa famille de génération en génération. Mais l'instrument lui résiste, refusant de libérer les accords mystiques qui font la gloire des musiciens d'Iran. Hossein décide alors de se rendre avec son jeune frère à la ville d'Ardabil où se trouve le meilleur luthier de la région.

04/10/2007

Seul dans Berlin

Une lectrice m’a envoyé ce commentaire de lecture sur “Seul dans Berlin” de Hans Fallada pour partager sur ce blog. C’est un livre que j’aime particulièrement. Il me fait aussi penser à un client que je n’ai pas vu depuis des années et qui me l’avait commandé dans sa collection originale “Et d’ailleurs”, chez Denoël, me faisant à la fois découvrir cette superbe collection et ce titre. Il est maintenant disponible en Folio et j’essaie de toujours en avoir un exemplaire disponible.




Seul dans Berlin, de Hans Fallada, écrit en 1947 année de la mort de l´écrivain.

Lu en juillet, ce livre continue à tournoyer dans ma mémoire. Les thèmes, les personnages affluent pour me questionner.

La SECONDE GUERRE MONDIALE m´est bien connue à travers les témoignages lus ou d´êtres chers, les romans, les films... mais ce livre, situé à Berlin, durant l´Allemagne nazie, permet de pénétrer, avec une rare acuité, la vie de familles modestes, le fonctionnement des appareils de répression de 1940 à 1942 .

Dès le début du livre deux histoires viennent se superposer, celle en 1940 d´une Allemagne triomphante au prix d´une décomposition totale de la morale et celle de la prise de conscience de quelques individus de l´iniquité de ce régime.

Cet éveil ne peut les conduire que vers une mort annoncée.

Primo Levi disait que ce livre était "l´un des plus beaux sur la résistance allemande antinazie" et pourtant aucune résistance organisée, une lutte dérisoire ( laisser des cartes postales contre Hitler dans des immeubles aux nombreuses allées et venues) contre un appareil qui ne peut broyer que celui qui va s’y affronter...

Lorsque je l´ai lu, j´ai été bousculée par le double mouvement de l´histoire. Deux vagues déferlaient en moi totalement contradictoires, l´une noire d´encre me montrant l´homme dans ce qu´il a de plus pathétique, de plus sordide, l´autre lumineuse, au début hésitante puis s´imposant, me laissant éblouie par le courage de quelques humbles, les JUSTES.

Au 55 rue Jablonsky vivent différentes familles. A travers elles Hans Fallada, avec précision, lucidité, simplicité va nous faire découvrir les conséquences sur les êtres humains de plusieurs années d´un régime de terreur. Tous les comportements vont être analysés sans aucune concession, ceux nés de la peur, de la lâcheté, de la veulerie, de l´adhésion au régime, du refus....

Toute cette galerie humaine hallucinante me remue profondément. Nous sommes face à une période où l´horreur paraît atteindre parfois l´absurdité. L´histoire va s´articuler autour de la perte de deux fils. L´une réelle, le fils d´Otto et Anna Quangel et l´autre symbolique, le fils d´Eva Kluge, factrice, devenu un jeune nazi fanatique.
La mort du fils unique des Quangel, jeune qui n´aimait pas la guerre, annoncée le jour de la fête à Berlin va déclencher une prise de conscience vertigineuse chez ce couple bien quelconque. Otto est ébéniste et contremaître, sa femme simple femme au foyer.
Tous les deux cherchent plutôt à passer inaperçus.

Otto Quangel et sa femme vont tout au cours du récit changer, sublimer ce qui leur arrive. Otto prend la décision de réagir en écrivant des cartes contre Hitler, sa femme va
l´accompagner, le soutenir .
Ce secret partagé est aussi une nouvelle manière d´être, la pensée va les rendre libres, dignes. Cette liberté certes individuelle prend corps par l´action même si celle-ci peut apparaître vaine.

Otto atteint un niveau de calme, de décision, de forteresse qui lui permettront de faire face avec grandeur d´abord à la Gestapo en renvoyant au commissaire Escherich sa triste image de fonctionnaire zélé qui s´est mis au service du nouveau régime puis ensuite au tribunal et à la mort.
Anna affrontera aussi la parodie de procès avec une ironie étonnante.
Eva Kluge représente l´espoir du livre, rejetant ce qu´est devenu son fils par la faute de cet Etat, elle rend sa carte au parti, part à la campagne et trouvera une forme de résurrection par l´adoption d´un adolescent de la rue Jablonsky et le travail de la terre.

Hans Fallada, en écrivant son livre, a voulu rendre hommage à Sophie Scholl et son frère Hans membres d´un petit groupe pacifiste d´étudiants de Münich qui, lors de leur sixième tract, seront arrêtés en 1943, jugés rapidement et guillotinés sans perdre un moment leur séreinité, ni exprimer un seul regret.
En choisissant le métier d´Otto, il pensait aussi à Johann Georg Elser menuisier qui, seul, plaça une bombe contre Hitler en 1939 et fut fusillé à Dachau en 1945.

Ce livre pose des questions essentielles sur la liberté de penser, la justice, l´action, le refus de suivre un modèle imposé même par la terreur, l´importance pour chacun de savoir se situer et nous renvoie à nos propres compromis, nos peurs...

Antigone